Ouvrages à caractère scientifique

Chaque ouvrage est présenté à l’aide d’extraits : introduction, sommaire, et exemples d’articles. Le premier ouvrage exposé ici est intitulé Regards croisés sur les activités de raquette.

Regards croisés sur les activités de raquette

Coordonné par Jérôme Visioli et Oriane Petiot (2020, eds. AFRAPS)

Résumé et sommaire de l’ouvrage

Introduction de l’ouvrage

« L’apprentissage du tennis a constitué une sorte de mise en orbite de mon existence. Je suis devenu le satellite d’un astre, une balle, qui avait la couleur du soleil et qui réglait mes courses éperdues. (…) Ce sport, presque aussitôt, est devenu une passion exclusive comme il se doit. (…) Mon temps, mon énergie, mes rêves et mon expérience se sont, dans une très large mesure, articulés autour du tennis, par le tennis et dans le tennis » (Lamoure, 2004, p. 8)

Dans le cadre d’une réflexion philosophique sur le tennis, Lamoure (2004) a souligné l’importance que peut avoir une activité de raquette dans l’histoire d’un individu. Le tennis représente métaphoriquement un formidable condensé de toutes les situations qu’un être humain peut affronter au cours de sa vie : un objectif (mettre la balle dans le terrain), un obstacle (le filet), des forces contraires (la gravitation terrestre, le vent), la dépendance par rapport aux autres (l’adversaire, l’arbitre), le regard des autres (les spectateurs), des limites externes (les lignes) et des limites internes (le joueur lui-même) (Girod, 1997). Dans son ouvrage De l’art de prendre la balle au rebond, Grozdanovitch (2007) évoque également sa passion pour les activités de raquette. Pour cet écrivain français, ancien champion de tennis, de squash et de courte paume, l’homme n’est pleinement lui-même que quand il joue. 

Les activités de raquette sont principalement des sports duels, dans lesquels les participants (en simple ou en double) utilisent des raquettes afin d’envoyer / renvoyer un objet (une balle, un volant) dans l’espace de l’adversaire, avec une recherche simultanée de continuité et de rupture (Visioli & Petiot, 2018). D’autres activités se rapprochent davantage des jeux de raquettes, comme par exemple « la balle au tambourin », où le tambourin remplace la raquette. Les activités de raquette trouvent principalement leurs origines dans le jeu de paume, sont aujourd’hui constituées d’un noyau dur (tennis, tennis de table, badminton, squash), et continuent d’évoluer (le padel, par exemple) (Leveau, 2000 ; Méry, 2008). Ces activités suggèrent plusieurs questionnements. 

Quelle est la place des activités de raquette dans la société, et comment a-t-elle évolué ? D’un point de vue culturel, le tennis apparaît au cinéma dans plusieurs films, notamment « Borg Vs McEnroe » (Pedersen, 2017), « Battle of sexe » (Dayton & Faris, 2017), ou « Terre battue » (Demoustier, 2014). Les ouvrages de tennismen sont également nombreux (par exemple, Noah, 1997 ; Agassi, 2010). En comparaison, les autres activités de raquette sont peu représentées dans les domaines cinématographiques et littéraires. Ces indicateurs sont révélateurs d’une importance différenciée des activités de raquette et de la domination du tennis dans nos sociétés occidentales, alors que le tennis de table et le badminton occupent une place beaucoup plus conséquente en Asie (voir par exemple les deux documentaires Intérieur sport, « Very bad trip » et « A la table des maîtres »).Par contre, dans l’EPS française, ce sont bien le badminton et le tennis de table qui se sont développés à partir des années 1980, tandis que le tennis a peu pénétré la sphère scolaire, pour des raisons notamment matérielles (Gomet & Bauer, 2014). 

Comment se caractérise l’activité du pratiquant dans les sports de raquette ? Ces derniers s’inscrivent dans l’imaginaire de la compétition. Les adversaires sont« tenus à distance. Cela suppose la présence dans la structure du jeu de deux éléments pourvus de fonctions inverses. Il y a d’un côté le filet qui sépare. Il y a d’autre part la balle qui réunit » (Jeu, 1977, p. 203). Le contact physique avec l’adversaire se trouve alors interdit, générant des émotions bien particulières. Dans ces « situations d’affrontement opposant deux adversaires dont les intérêts sont diamétralement opposés : ce que l’un gagne, c’est au détriment de l’autre qui le perd », des compétences de contre-communication, d’anticipation, de stratégies, sont nécessaires (Parlebas, 1981, p. 48). L’ensemble de ces éléments rend la pratique des activités de raquette particulièrement exigeante, et pointe la nécessité de mieux cerner les aspects affectifs, perceptifs, décisionnels, au cœur de l’activité des pratiquants.

Quel est le profil physiologique et biomécanique des activités de raquette ? Si elles mettent en jeu une motricité relativement commune, médiée par la notion de pression temporelle à laquelle sont exposées les pratiquants, les activités de raquette diffèrent dans la motricité plus finement mise en jeu. Le matériel utilisé, les intentions tactiques privilégiées, les différences réglementaires, nécessitent d’être appréhendées pour comprendre les spécificités de chacune d’entre elles. Par exemple, le badminton et le squash sont plus explosifs que le tennis. Quoi qu’il en soit, les activités de raquette arriveraient en tête des sports diminuant le risque de décès, notamment des suites d’une maladie cardiovasculaire (Oja et al., 2016). Et pourtant, leur pratique peut aussi être à l’origine de blessures, nécessitant notamment d’élaborer des stratégies de gestion de la fatigue, ou encore de suivre des principes de préparation physique adaptés à l’âge et aux caractéristiques du joueur.

Quelles propositions peuvent être formulées pour l’enseignement des activités de raquette en EPS afin de favoriser l’engagement et l’apprentissage de tous les élèves, ou encore dans le milieu de l’entrainement, pour favoriser la performance ? En EPS, les conceptions de l’enseignement des activités de raquette ont évolué, impliquant une transformation progressive des choix didactiques et pédagogiques (Roure, 2012). La place de la spécificité de ces activités est à interroger, à l’heure où la promotion d’apprentissages transversaux redéfinit l’enseignement de l’EPS. Pour éviter une « panne du travail didactique » (Couturier, 2014) dans les activités de raquette en EPS, il s’agit de formuler des idées neuves concernant la manière de les rendre accessibles aux élèves. Dans le milieu fédéral également, il est essentiel de mieux cerner les principes à suivre pour détecter, former et entrainer le joueur (Martinent & Decret, 2015). Dans leur processus de professionnalisation, les organisations fédérales doivent plus que jamais allier politique de haut niveau et objectif de sport pour tous, y compris pour les sportifs en situation de handicap. 

L’objectif de cet ouvrage est de répondre à ces questionnements en croisant différents regards, afin de déboucher sur une synthèse vulgarisée et actualisée des connaissances (scientifiques et professionnelles) relatives aux activités de raquettes. 

La première partie propose un regard ancré dans les sciences sociales. D’un point de vue historique, les propositions portent sur l’évolution des activités de raquette dans la société (permanences et transformations), mais aussi sur le processus d’intégration de ces activités à l’école (place, rôle, statut, résistances…).D’un point de vue sociologique, les propositions permettent de mieux comprendre les processus d’évolution et de diversification des activités de raquette (tennis, badminton, tennis de table, squash, paddle, speedminton, blackminton, etc.) ainsi que les questions liées au genre dans le développement d’un espace de pratique.

La seconde partie expose le regard des sciences humaines. Les propositions abordent les activités de raquette selon différentes perspectives (psychologique, didactique, située, conative, psychanalytique). Sont abordées les questions liées àla prise d’information, la prise de décision et le contrôle moteur, la préparation mentale et la gestion des émotions, les enjeux de savoirs, et les dimensions inconscientes qui régissent la relation entraineur-entrainé.

La troisième partie est centrée sur le regard des sciences de la vie. D’un point de vue biomécanique, les propositions portent sur une analyse comparative entre les principaux sports de raquette, et des réflexions plus ciblées sur le tennis dans une perspective de performance et de santé. D’un point de vue physiologique, les propositions abordent tout d’abord une approche visant à comparer les sollicitations énergétiques dans les principaux sports de raquette, mais aussi la gestion de la fatigue en tennis. Certaines contributions portent quant à elles sur la question de la préparation physique dans les activités de raquettes, l’intérêt de l’analyse vidéo à haut niveau, la question des blessures communes et spécifiques aux activités de raquette, ou encore les dimensions liées à la santé en EPS. 

La quatrième partie de l’ouvrage propose un regard professionnel sur l’enseignement des activités de raquette en EPS. Les articles abordent les choix didactiques de l’enseignant susceptibles de promouvoir le progrès des élèves, sa conception pédagogique de l’enseignement, ses compétences lui permettant de guider au mieux l’activité des élèves, ses modalités d’évaluation intégrant de façon réaliste les principes de complexité, ou encore son utilisation du jeu comme levier d’innovation. 

La cinquième partie expose un regard professionnel sur les activités de raquette dans le contexte fédéral. Les propositions interrogent les questions de formation et de détection des jeunes joueurs en tennis de table, les stratégies de préparation mentale en tennis, le développement du parabadminton, les apports de la pensée orientale pour changer de regard sur la pratique du tennis. Deux contributions font enfin un état des lieux du développement de deux activités de raquette moins médiatisées : le squash et le padel. 

Agassi, A. (2010). Open. New York : HarperCollins. 

Couturier, C. (2014). Le badminton, un cas d’école. Contrepied, HS 8.

Girod, A. (1997). Tennis : la préparation mentale. Paris : Amphora. 

Gomet, D. & Bauer, T. (2014). Les Sports de raquette : les enjeux d’une intégration scolaire tardive, in M. Attali & J.Saint-Martin (Eds.), À l’école du sport. Épistémologie des savoirs corporels du xixesiècle à nos jours.Bruxelles : De Boek, 291-320.

Grozdanovitch, D. (2007). De l’art de prendre la balle au bond. Précis de mécanique gestuelle et spirituelle. Paris : Jean-Claude Lattès.

Jeu, B. (1977). Le sport, l’émotion, l’espace. Paris : Vigot. 

Lamoure, C. (2004). Petite philosophie du tennis. Cahors : Editions Milan. 

Leveau, C. (2000). Histoire des sports de raquettes. In E. Louis (Ed.),Sports de raquettes : entre pratique et théorie. Dossier EPS, 53, 61-75. 

Martinent, G. & Decret, J.-C. (2015). Motivational profiles among young table-tennis players in intensive training settings : A latent profile transition analysis. Journal of Applied Sport Psychology27, 268–287. 

Méry, S. (2008). Un filet et des sports, Approches sociologique, historique, prospective, comportementaliste. Paris : L’Harmattan. 

Noah, Y. (1997). Secrets, etc…Paris : Plon. 

Oja, P., Kelly,P., Pedisic, Z., Titze, S., Bauman, A., Foster, C., Hamer, M., Hillsdon, M. & Stamatakis, E. (2016). Associations of specific types of sports and exercise withall-cause and cardiovascular-disease mortality : a cohort study of 80 306 Britishadults.British Journal of Sports Medicine., 51, 812-817.

Parlebas, P. (1981). Lexique commenté en science de l’action motrice. Paris : INSEP.

Roure, C. (2012). L’évolution des conceptions des techniques dans les sports de raquette en EPS : analyse de publications professionnelles. STAPS, 139-155.

Visioli, J. & Petiot, O. (2018). De la logique interne des activités de raquette au progrès des élèves en EPS. Enseigner l’EPS, 376, 34-38.

Exemples d’articles publiés dans l’ouvrage

Qu’est-ce que les pratiquants ont dans la tête lorsqu’ils jouent ? Cette recension expose les résultats obtenus par les chercheurs qui se sont penchés sur l’activité des joueurs de badminton et de tennis de table dans une perspective située. Après avoir présenté les conclusions des études menées en contexte sportif et éducatif, basées sur l’analyse de l’expérience du joueur international à l’élève débutant en EPS, des perspectives sont exposées à destination des chercheurs intéressés par cette question. Voir l’article

Les conceptions des enseignants concernant l’enseignement des activités de raquette. Cette étude visait à comparer l’activité de deux enseignants spécialistes des activités de raquette. Les résultats montrent que face à leurs élèves, les enseignants n’interviennent pas de la même manière, en ne proposant par exemple pas les mêmes types de situations d’apprentissage. Ces modalités d’intervention contrastées sont liées à des conceptions différentes concernant la manière de penser l’enseignement des activités de raquette en EPS. Voir l’article

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